« Ça va Kévin? Tu tiens le coup? »
Kévin, l’assistant assidu et dévoué, était ravi d’avoir décroché un stage chez une photographe de renom discutable. C’était sa première étape pour devenir un véritable professionnel de la photographie. Un jour sombre d’automne, alors que la maître-photographe était plongée dans la création de son œuvre, Kévin commença à faiblir sous le poids du backdrop.
« Encore un peu, Kévin, on touche bientôt au but ! » lui dit-elle, convaincue que la séance touchait à sa fin. Mais les minutes s’étiraient et Kévin, épuisé, s’assit un instant. Son esprit commença à divaguer dans la chaleur des lampes, tandis que la voix de la photographe se fondait dans le murmure des déclics et que la lumière se faisait de plus en plus tamisée.
Soudain, une voix douce et bienveillante s’adressa à Kévin : « La photographe t’a oublié, Kévin. Elle a éteint les lumières et est partie traiter ses photos. Et toi, tu es désormais parti de ce monde. »
Stupéfait, Kévin réalisa que ses rêves de devenir un grand photographe étaient anéantis. « Mais que puis-je faire maintenant ? » demanda-t-il à la voix. Elle lui répondit : « Kévin, dans l’au-delà, tu ne peux emporter ni ton appareil, ni tes objectifs, ni tes flashs. Les richesses matérielles n’ont pas de place dans l’éternité. Ce qui perdure, ce sont les arts, pas les artistes. Au-delà de la mort, tu rappelleras aux mortels la fragilité et l’éphémère de la vie, mais aussi la pérennité des arts. Tu deviendras la star des vanités. »
Ainsi, Kévin comprit que son héritage serait de transmettre cette leçon essentielle : vivre pleinement, car la vie est fragile, mais les arts traversent le temps. Sa destinée était d’insuffler cette prise de conscience aux autres, même au-delà de la mort.
